Le siège/trône de l’évêque

Vous pouvez m’appeler « Capitaine Évidence » si je vous dis que le siège de l’évêque (ou son trône) est l’endroit où l’évêque s’assied ; en réalité, c’est un petit peu plus compliqué que cela.

Comme vous le savez d’après votre propre église, le siège de l’évêque est d’habitude le meuble le plus majestueux et le plus imposant de toute l’église — dominant souvent les autres chaises du sanctuaire — et il est normalement surmonté (ou enjolivé) d’une mitre — le symbole couronnant l’autorité de l’évêque. En d’autres termes, le trône de l’évêque est typiquement « le meilleur siège de la maison », à la fois par sa stature et sa splendeur. Il y a un sens qui justifie ceci, non pas par une quelconque notion déplacée de l’importance du meuble lui-même, mais parce que c’est de ce siège que l’évêque célèbre les actes sacramentels tels que la confirmation et l’ordination. De plus, dans l’église primitive, c’était du haut du trône que l’évêque, non seulement prêchait, mais faisait également les déclarations canoniques pour le culte et la foi de l’église. Donc, dans tous les sens du terme, le trône de l’évêque représentait le siège de son autorité — rappelons aussi qu’à cette époque, les évêques étaient tous des hommes.

Aujourd’hui, le siège de l’évêque est devenu un meuble tellement omniprésent dans les paroisses contemporaines qu’il est pratiquement impossible de visiter une église qui n’en ait pas un, embellissant son chœur ou son sanctuaire. Cependant, cela n’a pas toujours été le cas. Dans l’église primitive, il y avait seulement un trône de l’évêque — appelé la cathèdre — qu’on retrouvait dans la cathédrale : le siège de l’autorité spirituelle (et temporelle) de l’évêque au sein du diocèse*. Néanmoins, à mesure que l’église s’est étendue, tant numériquement que géographiquement, il est devenu difficile pour tous les fidèles de faire leur pèlerinage à la cathédrale (souvent éloignée). Pour résoudre ce dilemme, l’évêque a apporté la cathèdre jusqu’à eux. Cependant, le trône de l’évêque étant d’une grandeur et d’une opulence telles qu’elles rendaient impraticable un transport fréquent, une chaise portative pliante, appelée un « faldistoire » était utilisée. De cette façon, l’évêque apportait littéralement avec lui le siège de son autorité d’une paroisse à l’autre dans l’accomplissement de son ministère épiscopal.

Ainsi, les nombreux trônes de l’évêque que l’on retrouve dans la plupart des églises sont les rejetons de l’union entre les cathèdres et les faldistoires. Car plutôt que de transporter le trône d’une place à l’autre, l’église a pris l’habitude d’avoir un siège de l’évêque dans chaque paroisse. Cette pratique apportait moins de problèmes et plus de décorum que de porter un faldistoire partout — comme si les évêques trimballaient leurs chaises de jardin ça et là.

 

Par-delà ses origines, ce qui est également intéressant à propos du siège de l’évêque, c’est qui peut s’y asseoir. La plupart des gens diraient que, dans la cathédrale, le siège de l’évêque est réservé uniquement à l’évêque diocésain. Pour ce qui est des sièges de l’évêque dans les églises paroissiales, on pourrait argumenter qu’eux aussi ne devraient jamais être utilisés par quelqu’un d’autre que l’évêque. Par exemple, dans de nombreuses églises, les laïcs et les membres du clergé bien intentionnés ne se permettraient jamais de s’asseoir dans le siège de l’évêque, malgré son absence, même s’il s’agissait du « dernier siège de la maison ». Cependant, dans d’autres paroisses, le siège de l’évêque est souvent utilisé lorsqu’aucun autre siège n’est disponible. Puisqu’aucun article canonique ou constitutionnel ne régit cette question, je laisse au lecteur le soin de réfléchir à la question : est-ce que le siège de l’évêque ne peut être honoré que par le postérieur épiscopal ou — en l’absence de l’évêque — est-ce que ce siège n’est qu’une simple chaise ?

* Il est intéressant de noter que le trône de l’évêque s’appelait une cathèdre, un terme qui dérive du mot latin pour « siège », qui est à l’origine du mot « cathédrale », mentionné ci-haut, et de la locution « ex cathedra », utilisée jusqu’à ce jour pour décrire ces déclarations officielles faites par l’évêque, investi de l’autorité de son statut en tant que successeur des apôtres. Un exemple pour illustrer le poids de ces proclamations : dans l’Église catholique romaine, les déclarations faites par le pape, ex cathedra, c’est-à-dire du haut « de la chaire de saint Pierre, le prince des apôtres », sont considérées comme infaillibles. Imaginez-vous cela !